En bientôt 70 ans, l’entreprise Grolleau, basée à Montilliers, est devenue un acteur incontournable sur le marché de l’armoire urbaine, que celle-ci soit installée à un carrefour pour gérer les feux tricolores ou l’éclairage des rues. Dans le même temps, elle a su prendre le virage du numérique et séduire, sans doute par la qualité de ses produits et ses capacités d’adaptation, l’opérateur n° 1 français pour l’équiper dans le déploiement de la fibre optique sur le territoire hexagonal. Une position qui lui permet d’envisager sereinement l’avenir et de rester en phase avec une société toujours plus connectée.
Quatre secteurs d ‘activité
Dans nos déplacements quotidiens, on passe forcément à un moment devant un produit Grolleau et, plus particulièrement, une armoire métallique. Oui, une armoire, en aluminium plus exactement, qui n’a bien évidemment rien à voir avec celle de la maison ou encore celle du bureau puisqu’en l’occurrence, ce sont des câbles électriques et des composants électriques que les armoires Grolleau abritent. «Grolleau couvre quatre segments de marché, indique Laurent Marbach, président. L’armoire urbaine, c’est l’activité historique de la société. Nous occupons 50 % des parts de ce marché. Nos concurrents fabriquent plutôt des armoires en plastique. Nous, nous sommes leader sur le marché de l’armoire en aluminium. Cela représente 20 % de l’activité de l’entreprise. »
Ces armoires, on les retrouve à proximité des carrefours régis par des feux de signalisation, par exemple. Les armoires métalliques Grolleau présentent un large champ d’applications: éclairage public, distribution d’énergie, signalisation tricolore, traitement de l’eau. .. Avec près de 30 modèles référencés au catalogue, les armoires d’éclairage public de signalisation font partie de la marque de fabrique de Grolleau. Elles alimentent et permettent le bon fonctionnement du contrôleur des feux tricolores, s’intégrant parfaitement dans tous les environnements urbains. Recréant un environnement thermiquement et électriquement stable, elles ont été conçues pour assurer un haut niveau de sécurité, protégeant ainsi les composants qu’elles renferment des agressions extérieures, de manière durable. Réalisées sur-mesure, elles offrent une gestion globale des feux tricolores et répondent aux exigences des collectivités locales tant en matière de sécurité, que d’environnement, d’ergonomie ou encore de technicité. Grolleau travaille avec bon nombre d’entre elles – l’entreprise de Montilliers est notamment fournisseur officiel de la Ville de Paris – pour leur fournir des armoires permettant la gestion de l’éclairage des rues ou des bâtiments. Ces armoires peuvent avoir un traitement lisse ou, au contraire, présenter des cabochons ou une surface rugueuse anti-affichage, en fonction de leur environnement. Quant à la couleur, elle est choisie par le client et les possibilités sont infinies.
L’activité télécom en forte hausse
Reconnue pour sa capacité d’innovation, l’entreprise Grolleau a su saisir le virage numérique. Déjà spécialiste de l’armoire urbaine, elle se lance en 2006 dans les armoires réseaux télécoms qui alimentent le débit Internet des utilisateurs. Cette nouvelle activité lui permet de travailler avec des grands équipementiers et avec des opérateurs téléphoniques. «Cette activité télécom est en forte hausse. Elle représente 50% du chiffre d’affaires de l’entreprise» précise Laurent Marbach.
En 2011, Grolleau innove, une fois de plus, avec l’armoire pour raccordement fibre optique capable de répondre aux exigences des réseaux de très haut débit. Le contrat qu’elle gagne avec Orange en 2012 l’a poussée à former l’ensemble de ses ingénieurs à la conception d’armoires pouvant accueillir la fibre optique. Ce marché au développement exponentiel lui a ouvert de larges perspectives d’avenir. Le plan France Très Haut Débit vise à couvrir l’intégralité du territoire en très haut débit d’ici 2022. «Sur ce secteur de la fibre optique FTTH (fiber to the home, ndlr), Grolleau réalise deux produits: les armoires de rue PM (point de mutualisation (qui permettent aux opérateurs de raccorder un abonné au réseau) et les shelters NRO (noeud de raccordement optique) qui sont les points de concentration du réseau fibre optique où seront installés les équipements actifs des différents opérateurs. Orange a qualifié deux fournisseurs de PM pour toute la France dont Grolleau. Nous fabriquons 400 à 500 armoires par mois.Sur le marché du shelter, nous sommes trois acteurs principaux. Nous fabriquons 20 à 30 shelters par mois. »
Les shelters-peuvent être en aluminium mais sont majoritairement réalisés en béton. La structure béton arrive chez Grolleau pour être totalement équipée et intégrée. «Le shelter fait vraiment appel à tous les métiers, tout le savoir-faire de Grolleau.»
Au-delà des grandes et moyennes agglomérations déployées par Orange – c’est notamment le cas de Cholet et de sa proche couronne, c’est-à-dire les communes formant le territoire de l’ex-Communauté d’Agglomération du Choletais, mais aussi d’Angers, par exemple -, Grolleau est aussi partenaire d’autres opérateurs pour le déploiement de la fibre en zone rurale (RIP).Dans le Maine-et-Loire, c’est TDF,à travers sa filiale Anjou Fibre, qui conçoit, construit et exploite le réseau du Département. TDF a choisi les armoires et shelters Grolleau pour les accompagner dans leur déploiement. En avril dernier, Orange a de nouveau renouvelé sa confiance à Grolleau, avec des volumes en croissance.
Bornes de recharge et trackers solaires
Grolleau oeuvre également dans le secteur de l’énergie verte et pense à la mobilité de demain en mettant en oeuvre les produits permettant une distribution d’énergie efficace et durable. « L’activité bornes de recharge et énergies vertes représente 15% de la production de l’entreprise» poursuit Laurent Marbach. Ce secteur des énergies vertes est surtout occupé par les bornes de recharge « qui sont co-designées avec les constructeurs. Grolleau est à l’origine de leur conception et réalisation, la maîtrise d’oeuvre étant confiée à d’autres entreprises. Le marché de la borne de recharge est en pleine croissance. » Ce marché de bornes pour les véhicules électriques suit, forcément, la courbe de croissance des ventes de véhicules électriques, de plus en plus nombreux dans les gammes des constructeurs automobiles. Même s’il ne représente que 1,8% du marché des véhicules légers, celui des véhicules électriques a progressé de 54 % cet été et est en progression de 50 % par rapport à 2018. La France compte désormais 200000 véhicules électriques en circulation et plus de 200 modèles électriques sont attendus sur le marché européen en 2021.
Dans ce secteur des énergies vertes, Grolleau fabrique également des trackers solaires. Là aussi, il s’agit d’un domaine qui suit l’évolution du marché des panneaux photovoltaïques puisque le tracker solaire est un système qui optimise l’orientation des panneaux photovoltaïques tout au long de la journée afin d’augmenter la production d’une centrale par rapport à une. installation fixe.
Des portes de cabines de paquebots
Quatrième et dernier secteur de production de l’entreprise, l’activité industrielle permet à Grolleau de se positionner également comme Original Equipment Manufacturer (OEM, soit fabricant d’équipement d’origine) dans les domaines: ferroviaire, naval, kiosques et Ticket Vending Machine (TVM) pour la fourniture de produits finis. On y trouve notamment deux produits aussi différents que sont les bornes de paiement de péage autoroutier… et les portes de cabines de bateaux de croisière.
Concernant les premières, Grolleau fournit le concessionnaire autoroutier Sanef, c’est-à-dire la Société des Autoroutes du Nord et de l’Est de la France.
Concernant les secondes, Grolleau produit des portes «principalement pour les cabines passager et équipage» précise Laurent Marbach, depuis 1996. «C’est un produit technique, avec des contraintes de poids, de sécurité, notamment en matière de protection incendie et des contraintes esthétiques, ajoute le président. Sur ce marché, nos concurrents sont européens. » Voilà donc des produits Grolleau qui font le tour du monde par la voie des mers et des océans via les paquebots construits aux chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire.
Beaucoup d ‘efforts pour recruter
Portée par la fibre optique, Grolleau a doublé son chiffre d’affaires en trois ans, pour le porter à 33 millions d’euros en 2018 et reste sur un rythme de croissance important. Laurent Marbach ne cache cependant pas que deux éléments freinent cette croissance: les possibilités d’extension de l’entreprise et le recrutement. Concernant l’augmentation des capacités de production et de stockage de la société, Grolleau doit composer avec un environnement rural et le plan local d’urbanisme. L’entreprise vient toutefois de trouver un accord pour acheter du terrain et envisager de s’agrandir, et faire ainsi disparaître les énormes tentes d’exposition installées de part et d’autre des ateliers.
Pour ce qui est du recrutement, Grolleau s’était distinguée au printemps 2018 en lançant une campagne de recrutement par cooptation, gratifiant ses salariés d’une prime en cas d’embauche d’une personne recommandée. Récemment, l’entreprise de Montilliers a engagé une nouvelle démarche, cette fois avec Pôle emploi et Action logement, pour attirer des demandeurs d’emploi de la région parisienne. «C’est une première» affirme Laurent Marbach. Une expérience qui a, d’un côté, séduit un célibataire et, de l’autre, un couple. Reste que Grolleau cherche à recruter un ingénieur spécialiste des objets connectés (IOT). L’entreprise dispose en outre de postes à pouvoir, de poinçonneurs plieurs, de soudeurs et câbleurs, «des métiers en tension actuellement», ainsi que des peintres, testeurs et monteurs. Enfin, Grolleau recherche également des techniciens de maintenance, « un métier dur, où il y a une pénurie» constate Laurent Marbach.
La Côte d’ivoire, la fibre et la 5G
Le président de Grolleau en est bien conscient : le déploiement de la fibre optique aura une fin, annoncée vers 2021 ou 2022. L’entreprise doit donc, déjà, songer à de nouveaux marchés. L’un passe par le service dans les télécoms. «Les infrastructures que Grolleau a installées, il faut les superviser» relève fort justement Laurent Marbach. Ensuite, pour rester dans le domaine de la fibre, si son déploiement est en cours dans l’Hexagone, d’autres pays vont y venir, comme la Côte d’ivoire, où Grolleau a su saisir une opportunité. « C’est un pays qui est en train de fortement se développer avec l’arrivée de la fibre optique. C’est un pays politiquement stable et francophone, où nous avons un relais sur place. C’est notre première présence hors territoire français. C’est ce que nous appelons un relais de croissance. » Enfin, le dernier axe de diversification pour Grolleau est la 5G, la prochaine génération de technologie réseau mobile, qui se distinguera, entre autres, par des antennes-relais plus nombreuses mais plus discrètes. «Plus ça va être petit, plus ça va être standard avec de gros volumes, plus la concurrence va être dure, il ya innover pour rester compétitif » prévoit le dirigeant.
Et l’export? «Mes clients font de l’export mais Grolleau n’en fait pas» reconnaît Laurent Marbach, qui confesse que cela constitue égalément un axe de développement pour l’entreprise.